Bonjour, nouvel article littérature, car, vraiment j'ai lu
un de ces livres!
C'est Le Vent du Soir, écrit par le célèbre Jean d'Ormesson.
J'ai l'édition J C Lattès. La couverture est sobre, une silhouette
de conifères bleu-foncé.
Le résumé: L'action commence vers le milieu du siècle passé. La scène se déroule sur quatre
continents. d'un grand seigneur russe, aux familles écossaises,
à la guerre de 14-18, toute l'Histoire y passe dans l'histoire
même.
-Je ne peux pas faire pire ou mieux comme résumé tellement
c'est...dense.-
Ma note: 9/10.
Pourquoi:
Je n'ai jamais lu un seul ouvrage de notre cher Monsieur d'Ormesson. Bien dommage,
car c'est une sacrée bonne découverte!
J'ai d'abord remarqué que cette histoire est en fait un
tas d'intrigues entremêlées avec des personnages en
pagaille, et ça me plaît énormément.
ça m'faisait vaguement penser à Les Faux-Monnayeurs, d'André Gide,
que j'n'avais pas vraiment aimé... (d'autant que c'était un sujet
au bac probable, alors euh grosse blague.)
Gide était barbant, et radoteur, mais Jean d'Ormesson a eu le don de m'intéresser
à tous les personnages... excepté les O'Shaughnessey. Cette famille
avait les passages un peu rébarbatifs à mon goût. Mais c'est une
question de GOUT, justement.
j'ai, par contre, adoré les passages de la famille de Pericles Augusto,
Marie de Cossigny, Finkelstein... ce sont vraiment les plus
palpitantes histoires de familles que j'ai lu.
Il y a un mélange de réel et de fictif, et j'ai adoré! Il y a, à la fin
du livre, des ''notes biographiques'' sur les personnages, (qui sont 140 environ),
apparus peut-être une fois dans les 400 pages, mais qui
font le petit + de l'intrigue.
Une perle, cet ouvrage.
Puis, il a une façon de passer d'un évènement à un autre avec une facilité!
C'est comme si tu voguais sur une mer calme, et qu'après il y avait une
grande vague de mots qui déferlait sur toi. Un coup, tu vas être en Argentine,
à Arroyo Verde, chez les riches Romero, un coup après, tu seras en plein siège à Pékin.
C'ets incroyable, sincèrement! ping-pong litteraire, quoi.
J'avais l'impression que le narrateur était un ami avec qui on
était attablé sur la terrasse d'un café parisien, qui me racontait
ces intrigues de cour, ces histoires familiales sombres ou
sympathiques, ou même sanglantes.
Heureusement qu'il y a deux autres tomes, parce que je ne peux pas rester
sans suite!
Quelques extraits:
<< Tim Tom, sa brosse d'un main, un pistolet de l'autre, se précipite en même temps que
Nicolas qui se met sans tarder à tirer sur les assaillants. Attirée par la fusillade et voyant Nicolas en train d'échanger des coups de feu
avec des Chinois dont on devine à peine les silhouettes au-delà de caisses de bois empilées en guise de barricades, Gabrielle accourt à son tour. A quelques pas de Nicolas,
elle assiste quelques instants, impuissante, les deux poings serrés contre la bouche, à l'affrontement qui se poursuit. Tout à coup, Tim Tom l'entend pousser un cri. Il lève les yeux.
Il voit, d'un seul coup d'oeil, Gabrielle terrifiée, en train de regarder en l'air, et, en suivant ce regard, un immense Chinois tout en noir qui a réussi à se hisser sur le toit de la remise
et qui se prépare à tirer sur les défenseurs installés dans la cour. [...]
Pour la seconde fois, Gabrielle crie quelque chose que Nicolas n'entend pas. Tim Tom comprend en un éclair qu'il est déjà trop tard. Le Chinois abaisse son arme et vise lentement Nicolas
qui se tient, couché, entre deux piliers soutenant une sorte d'auvent, à une trentaine de mètres de Tim Tom. Au moment où Tim Tom, moins pour prévenir Nicolas qui est déjà perdu que pour donner
livre cours à son angoisse et à son désespoir, se met à hurler à son tour, il voit se dérouler en une fraction de seconde une chose superbe et affreuse qu'il n'allait plus jamais oublier:
Gabriella se jette d'un seul élan en avant, couvre de son corps mince Nicolas en train de tirer et reçoit en pleine tête la balle destinée au jeune homme qui laisse tomber son arme et tient une morte entre ses bras.>>
<<La vie à Paris aurait été délicieuse pour Marie Wronski si l'ombre de son malheur n'avait pas plané sur ses plaisirs. dix-sept ou dix huit ans plus tard, elle n'arrivait pas à oublier. Son succès
pourtant avait été total. Elles avaient diné chez Maxim's, chassé chez la duchesse d'Uzès, rencontré le général Boulanger, dansé un peu partout et elle s'étaient promenées en calèche ouverte; entourées
de cavaliers, aux Champs-Elysées et au bois de Boulogne.
Nadia Wronski parlait le français couramment et elle passait ses matinées à courir à travers Paris, du Quartier latin à l'Arc de triomphe, des grands boulevards à la Sainte-Chapelle. Elle vaait appris par
coeur la superbe inscription napoléonienne, à mi-chemin du code civil cher à Stendhal et de l'épopée à la Hugo, gravée sur l'Arc de triomphe du Carrousel et elle se taillait un joli succès en la récitant
dans les diners avec un accent indéfinissable.>>